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Dans un entretien exclusif accordé à Lkeria, Abdelwahid Temmar revient sur le bilan et les perspectives de son secteur

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Dans un entretien exclusif accordé à Lkeria, Abdelwahid Temmar revient sur le bilan et les perspectives de son secteur

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Lkeria : vous avez mis en place dès votre arrivée une stratégie à 5 axes. Quel est le bilan global après 18 mois de terrain ?

Notre stratégie peut être résumée en 3 chantiers : l’habitat, l’urbanisme et la modernisation du secteur.

Pour le volet habitat, le défi était de lancer rapidement les 350 000 logements qui étaient en attente, et tenir les engagements du Gouvernement avec les différents programmes en cours en débloquant leur financement. Ce qui nous a permis de livrer 546.685 logements publics entre 2017 et 2018, tout en cherchant des alternatives pour l’auto financement des futurs programmes. C’est en réponse à cette exigence que nous avons relancé le LPA dans sa nouvelle forme, sans demander un nouveau budget pour le quota des 70.000 unités de 2018, en plus de renforcer l’habitat rural et revenir à l’habitat rural groupé. Le logement locatif promotionnel «LLP» a été pensé afin de recréer un marché locatif absent à moindre coût pour le Trésor public.

La gestion du parc national de logement public et privé occupe une place importante dans la nouvelle politique du secteur. Nous avons des équipes qui travaillent dans le cadre de la loi 11-04 régissant l’activité de la promotion immobilière. La première partie de ce travail sera l’établissement de statistiques fiables sur le parc de logement et le mode de son exploitation.

Concernant le volet urbanistique, la révision de la loi sur l’urbanisme va regrouper trois lois en vigueur, à savoir la loi 90-29 relative à l’aménagement et l’urbanisme, la loi 06-06 sur l’orientation de la ville et la loi 08-15 fixant les règles de mise en conformité des constructions. Le projet de la nouvelle loi prendra également en compte la dimension écologique vue que l’Algérie a ratifié les conventions internationales en relation avec l’habitat durable. Aujourd’hui la rédaction de la nouvelle loi est finalisée et nous entamons la phase de concertation avec les différentes parties prenantes. Nous n’avons pas fixé de date afin de laisser le temps au débat et partir sur de bonnes bases, mais j’ai une date butoir dans mon planning. D’autres chantiers sont lancés dans le sillage de cet avant-projet de loi, comme le renforcement du contrôle en matière d’urbanisme.

Nous avons pensé aussi à la commande privée qui échappe aujourd’hui au contrôle et au suivi. En concertation avec l’ordre des architectes, bientôt tout privé aura l’obligation de passer par l’architecte ; de l’élaboration des plans jusqu’à la livraison du certificat de conformité. C’est d’une part un gage de sécurité pour des milliers de constructions où le CTC pourra être associés si la nature du projet l’exige et ça constituera d’autre part un plan de charge important pour nos architectes. Cette mesure sera concrétisée par un décret qui sera promulgué incessamment.

Dans le cadre de l’axe lié à la modernisation qui est en chantier, on s’est attaqué d’abord à la relation à distance du citoyen avec l’administration. En premier lieu, les demandes de permis de construire se feront à distance, il nous manque aujourd’hui les mécanismes. Le projet est mené conjointement par le ministère de l’habitat et celui de l’intérieur, et une évaluation sur l’avancement des travaux est prévue dans les prochaines semaines.

Nous avons aussi modernisé la relation avec le CTC, les bureaux d’étude, la relation entre la CNL et les promoteurs immobiliers via un portail de suivi des situations financières. Une application AADL pour le suivi de la demande et l’avancement des chantiers sera ouverte au public d’ici le mois de février. L’ENPI a mis en place une application du même genre pour notre diaspora à l’étranger. La même démarche sera adoptée par les OPGI pour permettre au citoyen de ne plus se déplacer. Moderniser et faciliter la relation entre l’administration et le citoyen, permettront de faire barrage à la bureaucratie et la corruption.

Enfin la communication est au cœur de notre action. On travaille pour améliorer la communication de tous les acteurs du secteur en commençant par le ministère. Malheureusement aujourd’hui on ne sait pas communiquer, le citoyen ne sait pas ce que nous faisons. Je donne à mon équipe 24 heures pour répondre aux questions des citoyens, c’est l’un des critères d‘évaluation de l’efficacité de mes troupes. A la télévision on voit plus le ministre parler que le citoyen, je veux que désormais on mette le citoyen en avant.

Lkeria : le rythme des livraisons des logements AADL a connu une augmentation significative depuis votre arrivée, quelles solutions vous avez apporté pour atteindre ces chiffres ?

Il fallait juste faire bouger les troupes, ce n’est pas l’affaire du ministre seulement. Il fallait motiver et mettre en place un système efficace de suivi, que ce soit mes déplacements dans les wilayas ou le travail des directeurs de logements et autres acteurs locaux. Nous avons aussi appliqué la règle de lancer dans l’année les programmes inscrits, pour pouvoir établir un planning de livraison. Les 90.000 logements AADL inscrits dans la loi de finances 2019 seront obligatoirement lancés en 2019.

Lkeria : on parle ici de livraison des logements avec les équipements d’accompagnement ?

Pour les infrastructures, je rappelle que ce segment devrait être pris en charge par les autres secteurs à l’exception de l’éducation ou nous étions obligés d’intervenir pour qu’on ne parle plus de cités dortoirs.

Nous avons décidé de prendre en charge trois types d’infrastructures qui accompagneront la livraison des logements, à savoir une école (éducation), un dispensaire (santé) et un commissariat (sécurité). Pour le reste, comme les loisirs et les mosquées, nous avons demandé aux sociétés en charge de la réalisation des logements de financer la réalisation d’un espace de sport ou d’une mosquée de quartier.

Lkeria : vous avez annoncé lors de la réunion Gouvernement-Walis la livraison au mois d’octobre 2018, de 295.000 logements toute formule confondue, dépassant déjà les réalisations enregistrées en 2017 (285.000 unités). Pouvons-nous connaître, la stratégie que vous avez adoptée pour atteindre ces chiffres en dépit de la situation financière difficile du pays ?

Avant de parler de bilan je veux préciser que nous mettons en place tous les moyens humains et matériels pour atténuer la crise de logement, il n’est pas réaliste de parler aujourd’hui de la suppression totale de la crise.

Les résultats récemment obtenus par le secteur, dans le domaine de la distribution de logements ne sont pas une coïncidence, mais sont le résultat d’une action concertée du Gouvernement, qui a permis la mobilisation des ressources nécessaires, entre autre pour financer les viabilisations.

Le financement des 200.000 logements AADL est le fruit d’un combat, pour finaliser un programme colossal et concrétiser l’engagement de l’Etat envers cette frange de la population. C’était beaucoup de travail afin de mobiliser le financement nécessaire.

Lkeria : l’ancrage légal du programme LLP vient d’être consacré dans la loi de finances 2019. Quelles sont les dates clefs de ce projet ?

L’inscription à la formule LLP sera ouverte bientôt, mais ce n’est pas la prochaine étape du processus. Nous ne voulons pas reproduire les erreurs des précédentes formules. Notre premier objectif est de faire connaître cette nouvelle formule aux Walis et aux directeurs de logement. Une note explicative est en cours de validation avant sa transmission à l’ensemble des wilayas. Ça ne sert à rien de lancer une formule à la hâte sans expliquer l’objectif et les mécanismes aux premiers concernés, les responsables locaux.

Le décret relatif à cette nouvelle formule est prêt. Des regroupements avec les promoteurs immobiliers et les autorités locales seront organisés afin de mettre en place les mécanismes nécessaires avec toutes les parties prenantes et créer ainsi l’adhésion autour de ce projet ambitieux. En parallèle une réflexion sera lancée sur les conditions d’éligibilité et la communication envers le citoyen, volets que nous n’avons pas encore tranchés. Le citoyen cherche une formule accessible et il l’aura.

Une fois le projet finalisé, les promoteurs retenus dont les agences foncières de wilayas et les OPGI lanceront rapidement les premiers chantiers courant 2019. A ce jour nous, nous n’avons pas fixé de quota pour cette formule. Ça dépendra du foncier dégagé par chaque wilaya, que j’identifie dors et déjà lors de mes visites avec les Walis.

Lkeria : à travers le LLP se dessine une volonté de structurer le marché locatif. Quel sont les contours de ce nouvel axe de votre stratégie ?

Cette nouvelle formule s’inscrit dans le cadre de deux axes du plan d’action du Gouvernement, pour la mise en œuvre du programme du Président de la République, à savoir la dynamisation de l’activité immobilière dans le cadre du partenariat public privé et le développement du marché locatif privé.

Les agences immobilières se considèrent comme le maillon faible du marché immobilier. Êtes-vous sensible à leur situation ?

Oui je suis très sensible à leur situation. On les a reçu et écouté, un groupe de travail sur ce sujet est entrain de se mettre en place. Il faut d’abord organiser le marché, l’agence est un des intervenants important il faut l’écouter, et on attend des agences immobilières des propositions fortes, qui mettent le citoyen et ses intérêts dans le cœur de ces propositions. De notre coté, on attend ces propositions pour lancer la révision du carde réglementaire actuel.

Parmi les retombées positives de la structuration du marché immobilier c’est de disposer de statistiques fiables sur le marché des transactions immobilières, ce que nous n’avons pas à ce jour.

Lkeria : le Ministère de l’Habitat a prôné la simplification et la décentralisation des procédures ainsi que le recours dans la gestion des formules de logement aux nouvelles technologies de la communication et de l’information. Pouvez-vous nous en dire plus sur les actions menées dans ce sens ?

Beaucoup d’actions sont déjà décentralisées, il reste quelques procédures au niveau central, à l’instar de certaines catégories de permis de construire et les agréments des agences immobilières et des promoteurs. Ces procédures seront décentralisées au niveau local.

Le ministère centralise un fichier national des intervenants : entreprises et bureaux d’étude. De cette manière un intervenant défaillant dans une wilaya sera exclu de tous les marchés comme c’est fait pour les demandeurs de logements. L’objectif est que le ministère redevienne régulateur et organe de contrôle. Aujourd’hui nous sommes juge et partie, la nouvelle organisation permettra de scinder les pouvoirs, octroi des agréments localement et un contrôle au niveau central, à travers le renforcement de l’inspection notamment dans son aspect technique.

Cette inspection aura pour mission, entre autre, le contrôle des promoteurs immobiliers et le respect des clauses contractuelles les liants à leurs clients, chose qui n’existe pas aujourd’hui. Pour résumer, l’administration centrale élabore la stratégie et la politique du secteur, la locale met œuvre ladite stratégie.

Lkeria : vous avez récemment reçu les associations représentants les souscripteurs au programme location-vente, tout en assurant la prise en charge de la quasi-totalité de leurs revendications. Cette rencontre a été bénéfique ? Ce type de rencontre sera-t-il élargi aux autres formules ?

Je sens aujourd’hui le fruit de cette rencontre sur le terrain lors des mes visites, les souscripteurs ont beaucoup apprécié. C’est une première expérience, qu’on pourra généraliser pour les autres formules, mais c’est le temps qui nous fait défaut.

 

Propos recueillis par Lotfi Ramdani, fondateur de Lkeria.com, spécialiste du logement et des annonces immobilières.